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14 février, 2009 les sondeurs du temps classé dans : non classé — stephan lewis @ 14:26 les sondeurs du temps stephan lewis chapitre i – professeur ! professeur ! … venez voir ! l’invitation a été lancée par un homme jeune à la carrure athlétique, portant pour tout vêtement un simple pantalon de toile kaki. il est coiffé d’une casquette à large visière et son torse musclé luit sous les rayons d’un soleil brûlant. nous sommes quelque part dans le peten, un territoire grand comme la suisse, situé au plus profond des jungles tropicales du guatemala. deux aras, grands perroquets grimpeurs, brusquement dérangés dans leur tranquillité, affolés et criards, s’envolent bruyamment vers les hautes branches en étalant la splendeur de leur plumage bleu et or, faisant lever la tête au personnage interpellé… ce dernier, qui accuse la soixantaine, se tient agenouillé près du fronton d’un temple maya, au milieu des vestiges de ce qui fut jadis une cité à présent enfouie et dévorée par la forêt tropicale. il est occupé à déchiffrer des hiéroglyphes gravés sur une stèle prismatique en stuc de plusieurs mètres de hauteur, dont l’une des faces représente un personnage étrange et d’une taille démesurée. tout en tentant vainement de chasser une nuée de moustiques virevoltant en un nuage déplaisant, il s’est aussitôt retourné en direction de l’interpellateur, pour l’interroger du regard par-dessus ses petites lunettes cerclées d’acier qu’il porte en permanence sur le bout du nez. – qu’y-a-t-il donc dany ? vous avez trouvé quelque chose d’intéressant ? sans répondre, le solide gaillard de 41 ans, aux yeux verts et cheveux noirs taillés en brosse, sujet de sa gracieuse majesté britannique à l’instar de son compagnon, ingénieur en électronique de son état et répondant au nom de dany ballantine, brandit un objet qu’il a déjà sommairement débarrassé de la gangue de terre et d’argile qui l’enveloppait. - mais … c’est un crâne humain que vous tenez entre les mains ! – en effet professeur. a la différence prés, c’est que celui-ci semble être en cristal. tout en haussant les sourcils, le professeur joseph winter, éminent archéologue au front partiellement dégarni, portant pour la circonstance un chapeau de brousse à large bord et revêtu d’un léger pantalon detoile et d’une simple chemisette en coton, a épongé la sueur qui perle sur son front. il s’est empressé de s’essuyer les mains sur sa chemise déjà maculée de poussière, dont le col largement échancré lui permet de supporter plus facilement lachaleur torride du climat tropical de l’amérique centrale, en cette journée du 12 septembre 1999. – en cristal dites-vous ? – voyez vous-même professeur… propose ballantine, qui s’est déjà approché en continuant de nettoyer son étrange trouvaille. winter, qui s’est redressé, détaille aussitôt la pièce avec la plus vive curiosité. les quatre mexicains qui les assistent dans leurs fouilles et parlent leur langue, coiffés de l’inévitable sombrero à jugulaire de cuir, se sont avancés à leur tour. – vous avez raison. on dirait bien du cristal ! l’objet en question, qui vient maintenant d’être correctement nettoyé, s’avère être la réplique anatomiquement parfaite d’un crâne humain grandeur nature. il s’agit certainement de celui d’un homme qui, à première vue, a été sculpté dans un seul morceau de cristal de quartz. – quelle curieuse chose ! regardez dany ! il est pourvu d’une mâchoire détachable et… de 31 dents !… s’étonne winter, en constatant que l’une d’elles se rapportant à la partie postérieure fait défaut à la mâchoire. – comme c’est étrange. voyez professeur. l’emplacement de la trente-deuxième est pourtant prévu. mais la cavité paraît volontairement vide, car il ne semble pas que l’on ait ôté l’une des dents. d’ailleurs, comme vous pouvez le constater, les autres font partie intégrante de la mâchoire, tandis que l’espace prévu pour la molaire manquante n’a pas le même aspect. il comprend une espèce de pivot. et cette chose fait bien dans les cinq kilos, si je ne m’abuse ! – sans aucun doute… acquiesce winter… ce qui me déroute, c’est que ce crâne ne semble pas présenter le moindre défaut ! aucune marque d’un quelconque outil qui aurait pu servir à sa fabrication! – il y a assurément des lustres qu’il est enfoui à cet endroit. – a ma connaissance, aucun de mes confrères n’a encore eu vent de ces ruines mayas en ces lieux perdus. c’est une aubaine que d’avoir dégoté ce sanctuaire! sans grand risque d’erreur, je peux m’avancer en déclarant que cet objet est certainement ici depuis un bon millier d’années. ce qui est étonnant, c’est que nous l’ayons découvert au milieu de ces vestiges d’une ancienne civilisation maya. – c’est à tous les coups le grand-père des boules de cristal… plaisante ballantine avec un gloussement amusé. – notre trouvaille va vraisemblablement faire plancher bon nombre de mes confrères. ce crâne est une pure merveille. aucun défaut apparent. et comme je vous le disais, même en y regardant de près, il ne porte pas la moindre trace d’un quelconque outil ayant pu servir à sa création. c’est déroutant ! nous pouvons sans aucun doute prétendre que toute la technologie du xxème siècle serait dans l’incapacité totale de réaliser un travail aussi délicat, pour obtenir un résultat d’une telle perfection… finit par déclarer le professeur, la mine dubitative, en manipulant l’objet qu’il examine avec une attention soutenue. – mais que !… s’étonne soudain ballantine … l’un des quatre chicleros (forestiers mexicains) s’est aussitôt incliné pour ramasser le petit tube métallique qui vient de glisser du crâne de cristal, pour le remettre à ballantine. – un cylindre de métal !… indique machinalement winter, dont le visage reflète à présent la plus vive surprise. – il y a un rouleau de papier gommé à l’intérieur. c’est un écrit, libellé je crois, en espagnol… mentionne ballantine, après avoir déroulé le parchemin. celui-ci, réduit à une simple bande de papier grossier, jauni et tout craquelé, d’une vingtaine de centimètres sur huit de largeur, a visiblement été rédigé d’une main malhabile et hésitante. – c’est bien de l’espagnol… confirme winter, qui maîtrise parfaitement cette langue encore utilisée officiellement au mexique. d’une voix chevrotante, il en entreprend la lecture après avoir correctement rajusté ses petites lunettes … - » mexico … le 8 juin 1882 … je suis porteur d’un message à l’intention de celui ou ceux qui découvriront le crâne de cristal … que dieu me pardonne. je ne peux que leur transmettre une mise en garde, car je suis porteur d’un terrible secret. mon nom n’a guère d’importance … voici l’histoiredu crâne de cristal … tout a commencé deux ans plus tôt. le 15 mai 1880. je faisais alors partie d’un groupe d’aventuriers embarqués pour l’amérique centrale. direction le peten,la région la plus grande mais la moins peuplée et la plus inhospitalière du guatemala, où nous partions à la recherche de la civilisation perdue de l’atlantide… après plusieurs jours d’une marche harassante à travers la jungle, nous découvrîmes ces lieux par hasard, vestiges d’une cité secrète construite jadis par les mayas. nous nous attelâmes aussitôt à l’exploration du site. c’est en creusant sous l’autel du temple, que nous mîmes à jour le crâne de cristal, certainement enterré depuis des millénaires à cet endroit. j’ignorais alors que nos existences allaient s’en trouver à ce point bouleversées, et que ma vie et celle de mes infortunés compagnons s’en trouverait menacée. sachez tout d’abord qu’en ce qui vous concerne, il n’est pas trop tard pour inverser les éléments terrifiants et irréversibles qui ne vont pas tarder à se déchaîner dans votre entourage et auxquels je n’y puis malheureusement rien. vous êtes en possession du crâne decristal, révélateur d’un terrible secret, s’il faut en croire la confrérie des descendants de la première lumière. si vous ne le replacez pas immédiatement à l’endroit où vous l’avez trouvé, vous allez à votre tour réveiller le golem, le gardien des capsules du t